06/07/2023 | Partner: Regione Valle d'Aosta
Le pont-aqueduc du Pont-d'Ael
Une structure imposante qui défie le temps et la hauteur suscitant encore aujourd’hui l’émotion et l’émerveillement.
À partir de l’an 3 av. J.-C., l’eau et les hommes, au-dessus et à l’intérieur du pont, traversent l’étroite gorge à la demande de Caius Avillius Caimus, entrepreneur romain padouan actif dans l’exploitation des ressources locales pour la construction.

Contexte
Le pont de Le Pont-d’Ael apparaît dans toute son ampleur lorsqu’on traverse le village qui porte le même nom. Entouré par les pentes abruptes d’une gorge étroite, à l’entrée de la vallée de Cogne, le pont est un témoin silencieux de la transformation du territoire environnant par des paysans héroïques qui, au fil des siècles, ont réalisé des terrasses abruptes sur les deux rives du torrent.
La nature diffère d’une rive à l’autre et aujourd’hui, celle qui s’étend sur le versant ouest, accueille une réserve naturelle caractérisée par un climat aride et des espèces de faune et de flore uniques et rares.
Histoire
« Sous l’empereur César Auguste, désigné pour son treizième consulat.
Caius Avillius Caimus, fils de Caius, padouan. Ouvrage privé »
C’est ce que l’inscription latine placée au-dessus du grand arc mentionne : elle raconte que dans l’an 3 av. J.-C. un membre de la riche famille Padouane des Avilli, liée à l’industrie de la construction et au traitement des matières premières, commença la construction de cette imposante structure. Son but était de diriger l’eau du torrent Grand-Eyvia pour l’utiliser dans les activités d’extraction du bardiglio (bardiole ou marbre bleu turquin), marbre local utilisé dans les revêtements des bâtiments publics de la ville romaine d’Augusta Praetoria.
Cette œuvre qui, comme le rappelle l’inscription était « privée », prévoyait un canal supérieur, le specus, pour l’écoulement de l’eau et un chemin interne pour l’entretien.
À partir du IIIe siècle, l’eau du pont-aqueduc fut utilisée pour les besoins du village et ce n’est que plus tard que le specus fut asséché et transformé en passage piéton.
Malgré ses 2000 ans et ses nombreuses restaurations, renforcements et modifications pour l’adapter aux besoins, il nous parvient presque original et plein de charme.
Architecture
Mouvement, élasticité et légèreté sont les caractéristiques qui distinguent le pont de Le Pont-d’Ael.
Un jeu d’équilibre créé grâce aux compétences d’ingénierie des Romains, qui permettent au pont de s’adapter aux mouvements du versant gauche.
De l’ouvrage de prise d’eau aux carrières de bardiglio, le parcours de l’eau se développait d’un versant à l’autre avec une longue canalisation qui lui permettait de procéder à une vitesse adéquate et constante. Sur le mortier hydraulique qui recouvrait le specus, les archéologues ont trouvé les traces des outils de travail et l’empreinte de la chaussure cloutée d’un ouvrier romain, inconscient peut-être de l’étonnement que susciterait son empreinte permanente imprimée sur cette grande œuvre dans les siècles à venir.